lundi 23 novembre 2015

La charrue avant les bœufs …

Le dernier conseil municipal était consacré à une seule et unique question : la réforme territoriale, dite loi NOTRe, qui impose aux communautés de communes de se regrouper pour avoir les moyens de se payer les services que l’Etat ne veut (ou ne peut) plus assumer  comme par exemple l’urbanisme ou l’assainissement. Ces fusions doivent aussi permettre aux nouvelles collectivités d’acquérir des compétences ( Culture, Sports...) que de petits territoires comme les nôtres ne peuvent, actuellement, pas financer.

Bien sûr, derrière cette vitrine de Noël, se profilent les  économies de postes chères à nos économistes dans le cadre de la mutualisation des services. Les ronchons reprochent à cette réforme l’éloignement du citoyen des centres de décision et donc  un affaiblissement de la démocratie locale. Mais, en ces temps de crise économique, ces arguments sont de moins en moins audibles face à la pression fiscale.

De toute façon DURA LEX SED LEX et, bon gré mal gré, en ce qui concerne la commune de Callac, nos élus n’ont d’autre choix que de dire s’ils sont ou non d’accord avec le préfet des Côtes d’Armor qui nous propose un mariage avec la CCKB de Rostrenen.
Après quelques discussions sur la forme et une évocation très déplacée pour ne pas dire choquante de la part du maire et destinée à contrer  une éventuelle opposition de la minorité municipale, le conseil a rejeté à l’unanimité la proposition du préfet et demandé à rejoindre Poher communauté,  sans exclure aucune autre commune désireuse de se joindre à cette nouvelle famille.

 Le préfet acceptera-t-il d’amputer son département de son morceau de « Sud hent douz » (pour les non-initiés : Centre-Bretagne, au  sud de la RN 12)  dont personne ne semble trop savoir quoi faire ? Rien n’est moins sûr, d’autant que quelques communes du canton pourraient s’orienter plutôt vers Guingamp. Il y a fort à parier que le préfet enfoncera le coin dans cette division pour nous imposer son mariage de raison, intra-départemental, avec la CCKB.

Pour répondre aux remarques de la minorité regrettant l’absence de concertation citoyenne avec les  Callacois avant de prendre une décision si importante pour l’avenir de notre territoire, il a été décidé, au débotté, une réunion publique. Celle-ci  se tiendra  le lundi 7 décembre,  soit  un petit mois après le vote de la décision  par le conseil municipal et  une semaine avant la limite du 15 décembre fixée par le préfet. C’est ce qui s’appelle mettre la charrue avant les bœufs ! Décidément, cynisme et politique continuent de faire bon ménage au sein de la majorité de Callac.
































lundi 9 novembre 2015

Un nouveau mur en Bretagne ?

 On connaissait le mur de Berlin, le Peace walls de Belfast, le mur d'Hadrien en Angleterre, les barrières de séparation israéliennes, la zone coréenne démilitarisée, le mur de Samarkand en Ouzbékistan, le mur de sable au Maroc, la barrière frontalière Etats-Unis-Mexique… Faudra-t-il désormais ajouter la Barrière Bleu Marine de Callac ?

Alors que les travaux étaient déjà bien avancés, on ne voyait pas trop bien à quoi  allait servir auprès de l'église cette barrière au look concentrationnaire. Elle venait de prendre naissance au droit du mur d’enclos du presbytère, rue Anatole Le Braz. Elle semblait vouloir séparer l’école publique du lieu Saint et quelques mauvais esprits y voyaient déjà  une tentative de séparation du bon grain de l’ivraie, une résurgence de la guerre scolaire entre le privé et le public.  Au fur et à mesure de l'avancée des travaux, le cinéma se retrouvait lui aussi derrière la ligne de démarcation. Notre Ciné d'Argoat était-il devenu, lui aussi, suppôt de Satan ?

Mais jusqu'où ce nouveau mur allait-il aller ? Les suppositions allaient, elles aussi, bon train... N’était- il pas destiné à prendre de l’ampleur pour protéger notre commune de l’invasion de quelques migrants échappés de la CCKB ? N’allait-il pas bientôt englober notre monument aux Morts puis la statue de Naous pour rejoindre la nouvelle belle et grosse grille du lavoir de « Gwer Halou » (« Le Ruisseau aux saules »), grille destinée à prévenir les nombreuses noyades dont personne jusqu'ici n’avait jamais entendu parler ? Et pourquoi pas faire le tour du bourg, faire office d'octroi  et continuer jusqu’à la Vallée des Saints ?

A n’en pas douter, on viendrait sûrement de loin pour admirer  cette petite sœur de la muraille de Chine. Certains commençaient à être fiers de la créativité de notre nouvelle équipe municipale et de son bon goût. En effet, on ne pouvait rêver application plus réussie et plus magistrale  de  cette fameuse leçon de  « bon goût » donnée par madame le maire lors de sa réunion électorale que le choix de cette grille à l'esthétique de zone industrielle qui allait faire de Callac, enfin, une ville d'avant-garde... Nombreux étaient ceux qui ne boudaient pas leur plaisir devant cette promesse enfin tenue...

 Mais, patatras ! Le Poher du mercredi  28 octobre qui nous sert désormais de commission de l’urbanisme et de comité de quartier a refroidi cet enthousiasme : il ne s’agissait là que d’une nouvelle expression  de la frénésie administrativo-sécuritaire qui semble s’être emparée de notre nouvelle majorité. Nous avions là une simple barrière de sécurité destinée à prévenir les nombreuses chutes d’enfants (Que celui qui a déjà assisté à l'une d'entre elles lève le doigt car  en ce qui me concerne j'ai vu des dizaines de fois les petits écoliers se précipiter comme une volée de moineaux  sur ce  muret mais pas le moindre accident...).

Si chute il risquait d'y avoir, j'aurais plutôt imaginé, en contre-bas du petit mur, une accueillante plate-bande  plantée de fleurs vivaces et d'une haie tressée de saule vivant où viendraient se poser les passereaux et s'abriter les insectes ou... les hérissons. Tout cela formant un terrain d'observation pour les enfants en même temps qu'un joli cadre pour l'église, le label « Callac Station Verte »  s'en serait ainsi trouvé renforcé...

Le petit muret de pierre ne permettra désormais ni aux mamans de s'asseoir deux minutes pour papoter avec une amie en attendant l’heure de la sortie ni aux gamins de jouer aux funambules en attendant que Papa ou Maman ait fini sa séance de convivialité quotidienne .

Callacois, dormez tranquilles, vos élus vous protègent !






























dimanche 1 novembre 2015

Le rêve brisé de Sanzétikète doré

Et ce qui devait arriver arriva ! Pas de grande saga sans grand chagrin d’amour, sans  dévastation du cœur, sans chavirement de l’âme : Sanzétikète doré  vient d'en faire la douloureuse expérience et n’en dort plus ! Le même cauchemar hante chacune de  ses nuits.  Le bourreau des  coeurs qui avait à jamais, pensait-elle, conquis le sien, Troadecus vorgensis, y apparaît plus monstrueux que jamais. Sa grande gueule enfourne tout :  la CCKB, le Yeun Elez, la Haute Cornouaille, la Région de Pleyben, les Monts d’Arrée, le Pays du Roi Morvan .
Chaque nuit, en sueur, elle se réveille brutalement  au moment  où  l'Ogre du Poher s’apprête, à la fin de son festin royal, à attaquer le dessert et à engloutir Callac-Argoat, le Petit Poucet de l'histoire, pour le faire disparaître à jamais dans le fond de ses entrailles.

L’angoisse la prend à la gorge : encore une promesse électorale qu’elle ne tiendra pas ! Elle, dont l'unique crédo avait été durant la campagne des municipales de mars 2014 « On ira avec Carhaix ! ». Cette  formule magique devait résoudre comme par enchantement tous les problèmes rencontrés par sa petite commune rurale de Callac : apporter des entreprises, du travail, faire venir de jeunes foyers avec plein d’enfants pour remplir les écoles, offrir des infrastructures sportives et culturelles en parfait état, des maisons médicales avec des dentistes et des ophtalmos, des routes toutes neuves  et plein de petits commerces  à ne plus savoir où les mettre ! «On ira avec Carhaix ! » Elle qui rêvait tant de conclure son chapelet de promesses par : «Ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.» !

Comme elle l’avait désirée,  cette fusion avec Poher Communauté ! Comme elle l'avait souhaitée cette folle étreinte qui devait transformer sa pauvre petite commune en perdition en terre de légende enviée par tous !. Qui n’a pas connu l’emportement  des amours passionnelles ne peut comprendre cet aveuglement doublé d'un fol espoir capable de balayer tous les doutes, toutes les craintes et toutes les mises en garde des cassandres de tout poil qui voulaient s'opposer à cette union contre-nature.

 Ainsi ne voulait-elle rien entendre des sages injonctions préfectorales qui lui recommandaient un mariage platonique avec Jean-Yves Ier, le Prince Rose du Kreiz Breizh. Quoi ? Convoler avec le farouche adversaire, l'ennemi de toujours de celui vers qui tout son être allait, son Prince Napoléon au bonnet rouge ! Jamais elle ne trahirait ce dernier, plutôt le couvent !

Las...!  Elle a perdu toutes ses certitudes et a cru mourir en ce terrible soir où elle les a entendus tous les deux, main dans la main, annoncer leur union  devant un parterre de plus de 200 élus et personnalités dans la salle du Glenmor. Les deux princes ennemis qui se détestaient  il y a encore quelques semaines faisaient leur coming out devant tous pour bâtir le Poher historique ! Tout s'écroulait...Comment avait-elle pu se montrer si naïve : elle n’avait rien vu venir ! Elle découvrait ce mariage pour tous en direct comme tous les autres. Si, au moins, elle avait été dans la confidence, elle aurait pu, peut-être, essayer de comprendre et pourquoi pas pardonner. Quel affront ! Quelle humiliation !
Son cœur  se lézarde . La gifle la laisse un moment groggy. Elle n’arrive pas à y croire et se lance dans une dernière tentative pour nier l’évidence . Ne serait-ce  pas plus raisonnable de commencer par un mariage à trois, Poher Communauté, Callac-Argoat et CCKB, avant de  plonger dans cette immense partouze à sept  avec le Roi Morvan, Yeun Elez, la Haute Cornouaille et les Monts d’Arrée puisque  la communauté de communes de Pleyben  semble plutôt attirée par le pays de Châteaulin ?

Désormais tout ce qui la passionnait perd tout son sel : l‘approbation du procès verbal de la dernière séance du conseil municipal, la mise à jour des tarifs communaux, l’interdiction des portables pendant les conseils municipaux, la demande de prorogation du délai de dépôt de l’Agenda d’Accessibilité Programmé, la répartition du FPIC,  le schéma de mutualisation des services de la communauté de communes,  la maintenance des logiciels PIVOINE, EDICOM, URBACOM, l ‘accueil des réfugiés et  j'en passe...Le coeur n'y est plus...

Plus rien n’a d’importance pour elle que ce Schéma départemental de coopération intercommunale qui devient une obsession. Le plus terrible reste pourtant à vivre pour celle qui a été abandonnée : l’attente du coup de téléphone, du petit SMS qui ne vient pas, du petit mail pour se revoir ...
Mais non rien ! Il ne reste plus que le silence.

Bon, trève de contes de fées et d'amours princières, je vous dis, moi, humble hérisson que je suis, que les amours contrariées de nos élus ça fait peut-être pleurer Margot et Jeanneton mais, qu'à l'inverse,  l’intérêt des populations  ne semble guère être au centre des préoccupations de ces derniers pendant les grandes manœuvres de cette réforme territoriale. Depuis l’étude de Côtes d’Armor Développement réalisée pendant la précédente mandature qui semblait diriger l’avenir de Callac-Argoat vers son nouveau bassin de vie, Poher Communauté, aucune étude sérieuse n’a été menée par la nouvelle équipe communautaire, par exemple, sur le devenir des personnels, sur l’évolution des compétences communautaires ou encore sur l’évolution de la fiscalité locale .
On s’est contenté d’invocations sans mener un vrai travail d’approfondissement et de négociation avec nos prétendants à l'union. On a surtout bien tenu à l’écart le citoyen qui pourtant est concerné au premier chef. Ce n'est pas ainsi que ce dernier comprendra quelque chose à ce problème complexe et qu'il s'impliquera dans le devenir de la commune. Aucune réunion publique ne semble s’annoncer. Il faut dire qu’on se demande de quoi on y parlerait quand on mesure le vide des arguments des uns et des autres, flou artistique qui n’est pourtant  pas d'actualité dans d’autres territoires.
Devant cette vacuité, le Préfet peut se frotter les mains. Sa proposition  d’union avec la CCKB  malgré la fronde feutrée de nos élus risque bien de s’imposer  car  l'Etat a déjà montré à propos des projets miniers sur notre secteur le peu d'importance qu'il accordait à la mobilisation citoyenne et démocratique...