Mais
c'est qu’ils ont failli m’enfumer, ces allumés du pneu*,
ces enflammés de la saucisse grillée ! Moi qui pensais passer
tranquillement l'hiver sur le rond-point de Kerguiniou au pied
des jolis plants d’arbres qu’une poignée d' inoffensifs
écologistes avaient plantés pour fêter la COP21... voilà
que je me retrouve dans la peau d’un envoyé spécial expédié
en première ligne en zone de guerre !
Quel
carnage ! Vision d'apocalypse qui risque de durer car le pire
est que madame le maire de Callac a opté pour le statu quo et a
décidé de ne pas toucher à ce « jardin partagé » à
l'esthétique très contestable au motif qu’elle ne veut pas payer
pour les agriculteurs ou pour le département... C'est sans
doute sa participation à l’année du centenaire de la bataille de
Verdun. Il suffirait d'un beau discours et d'une petite plaque
commémorative, d'une photo dans le journal avec les artistes
créateurs de ces oeuvres de « Hard art » et le tour
serait joué, ça pourrait déplacer des foules... Enfin, mieux vaut
en rire pour ne pas en pleurer...
Après
ce dramatique épisode où j’ai bien failli finir gazé ou grillé façon chipolota, c’en est bien fini de mon hibernation.
J'espère que cette précoce douceur printanière va me
redonner goût à la vie et que je vais pouvoir retrouver le plaisir
de trotter tranquillement le long de la voie ferrée d’autant plus
que celle-ci est en réfection et que je n’ai pas à me soucier du
passage du TER...
Mais
cela sera-t-il suffisant pour me remettre un peu de baume au coeur ?
Mes nuits blanches étaient-elles prémonitoires ? Que Callac me
paraît triste ! Toutes ces maisons à vendre. Les rumeurs
chaque jour plus alarmantes sur la fermeture de plusieurs commerces.
Le désert médical qui s'annonce... Quel tableau ! Avec
maintenant en plus aux deux entrées de la ville nos ronds-points rendus dantesques par des agriculteurs en plein désarroi qui
trouvent un exutoire à leur détresse en rajoutant des problèmes à
un territoire qui n'en manque déjà pas. Ils se trompent de cibles,
de méthode et de ... meneurs !
Il
est vrai que madame le maire ne peut pas être sur tous les fronts.
Le champ de bataille de la réforme territoriale semble plus semé
d'embûches qu'elle ne l'imaginait. La voilà fâchée avec Christian
Troadec, le président de Poher Communauté, celui qu’elle
invoquait depuis des années tel un héros salvateur : Ô futur
Lancelot du Lac de la Verte Vallée, Ô messie du Centre Bretagne, Ô
Robert Bourdin breton !
Rappelez-vous
le premier texte du Hérisson Callacois en avril 2014 :
« Dans
ce blog, vous pourrez suivre le combat de Sanzétikète Doré et du
Comcom commun, Argoatus Callacus ? Qui l’emportera ? Quelle
engeance produiront les amours de Sanzétikète doré et du Troadecus
vorgensis , ce monstre friand de saints en granit et de Comcoms
communs ? Cette fresque onirique vous entraînera dans le dédale de
la locale-politique. »
Eh
bien vous avez la suite ! Troadecus vorgensis a trahi
effrontément Sanzétikète Doré avec la Grande Prêtresse de
Carnoët. Le cœur de la délaissée est brisé tandis que le
traître se pourlèche les babines devant cette énorme pièce montée
de saints en granit qu’on prépare pour la cérémonie de mariage
début 2017.
Dans
ce combat de Titans, le fourbe et rusé Comcom commun Argoatus
Callacus sourit dans l’ombre. Son plan machiavélique a
fonctionné encore mieux qu'il ne l'espérait. Meurtrie au plus
profond de son âme , Sanzétikète Doré s’apprête à se retirer
au couvent des Ursulines où siège la communauté de communes
de Guingamp et où elle pourra méditer tout à loisir ses
égarements amoureux. Pourtant, elle avait été prévenue ! Ne
te jette pas ainsi dans les bras de cet ogre monstrueux ! Garde
tes distances ! Fais-toi désirer ! Ne t’offre pas trop
vite ! Mais voilà , il est bien tard pour écouter ces sages
conseils.
La
saga se terminera-t-elle ainsi ? Qui sait ? Tout peut encore
changer. Il faut dire que les fourberies et les rebondissements n'ont
pas manqué dans cet imbroglio. Souvenez-vous : le 17 novembre
dernier, le conseil municipal de Callac votait dans une belle
unanimité la fusion avec Poher Communauté en s’appuyant sur
de solides arguments (qui demeurent d'ailleurs tout aussi solides
aujourd’hui) cela n'a pourtant pas empêché, quelques semaines
plus tard, les sept délégués communautaires de notre commune de
demander à rejoindre Guingamp ! Et cela sans consulter à
nouveau le conseil municipal et encore moins les électeurs
dont certains avaient élu Lise Bouillot pour qu’elle unisse Callac
à Carhaix.
Il
y a fort à parier que ces problèmes de personnes et ces
sombres manœuvres arrangent bien le préfet qui voyait d'un
mauvais oeil le saute-mouton par-dessus la frontière du département. Callac risque donc de se retrouver au bout d'un
territoire aberrant en forme de chapeau de sorcière, long d’une
centaine de kilomètres, regroupant des communes touristiques et
riches du bord de mer comme Paimpol, des communes urbaines autour de
Guingamp, des communes rurales plutôt dynamiques au nord de la RN12
et nos pauvres communes purement rurales du Centre Bretagne que
nos futurs associés surnomment déjà, un brin moqueurs, le « Sud
hent douz ».
Bref,
un territoire hétérogène, réunissant des collectivités aux
intérêts divergents, dans lequel nous risquons fort
d'être la dernière roue du carrosse !
Dans
cette assemblée d’une petite centaine de membres, il faudra
compter avec des barons politiques de haute volée nantis d’une
forte personnalité tandis que chacune des communes de notre
ex-canton aura un petit représentant à l’exception de Callac qui
en aura deux, bien mince consolation...
L’arrêté
préfectoral définitif sera signé le 31 mars, arrêté
sur lequel le conseil municipal de Callac devra de nouveau se
prononcer avant le 30 août 2016. Nos conseillers municipaux
renieront-ils leur décision mûrement réfléchie du 17 novembre
2015 ou devront-ils manger cet indigeste chapeau d’Halloween ?
Il
est temps qu'arrive le printemps, sa douce lumière et son
souffle léger, peut-être nous aidera-t-il à sortir de ce psychodrame riche en coups tordus de toutes sortes et qui pourrait,
il est vrai, être drôle s’il n’était si désastreux pour
notre petite commune !
________
*
Merci au lecteur ou à la lectrice qui nous a soufflé cette
périphrase dans son commentaire
!