Il
ne nous manquait plus que cela ! Voilà qu' « ils »
s'en prennent au cinéma de Callac ! Avis de tempête... Y'a du
roulis, y'a du « taguage» dans notre petite cité
rurale !
D'abord, le tag contre le prêtre « aux origines haïtiennes »
qui, depuis, est parti exercer sous d'autres cieux, espérons-le pour
lui, plus cléments. Puis à la bibliothèque, le tag d'un symbole d'Extrême droite sur l'affiche annonçant la soirée sur les
camps de migrants du Nord-Pas-de-Calais et la projection du
documentaire de Yolande Moreau. Et en dernier lieu, une grosse pierre
à travers la vitrine du cinéma tombant, comme par hasard,
pile sur l'affiche du film « This is my land *»
qui sera présenté lors de la soirée organisée, comme chaque
année, par l'Association France Palestine, lundi 23 mai à
20h30, en présence de la réalisatrice franco-israélienne Tamara
Erde.
Ce
film qui évoque le conflit israélo-palestinien ne prend pas parti
et montre, au contraire, comment chaque camp enseigne sa
version de l'Histoire à ses propres enfants creusant ainsi un
fossé entre les deux peuples qui, de génération en
génération devient infranchissable. En s'attaquant à ce film, les
casseurs font donc, en même temps qu'un acte raciste, injure à
l'honnêteté intellectuelle et à l'humanisme d'une réalisatrice
franco-israélienne en quête d'un espoir de paix et qui essaie
de montrer que, s'il n'est pas déjà trop tard, cette paix ne pourra
se faire qu'à travers une remise en question dans chaque camp de
l'Ecole et de l'Education. Mais faut-il envisager qu'il puisse y
avoir eu un brin de réflexion derrière l'acte de vandalisme
perpétré au cinéma ? C'est faire trop d'honneur aux vandales que de
le penser !
Qui
osera encore mettre en doute que quelques Callacois ont un vrai
problème avec les étrangers ? On verra aussi lundi soir si le
reste de la population ne s'en émeut pas plus que cela...
Le
lendemain de ce troisième acte xénophobe, lors du conseil
municipal du 19 mai, madame le maire a, cette fois-ci, réagi comme
il se doit, en exprimant son inquiétude face à cette accumulation
depuis quelques semaines « d'actes malveillants à connotation
raciste ». Elle a proposé au conseil municipal d'adopter un vœu
dans ce sens qui a été approuvé à l'unanimité des présents. Il
était grand temps !
Comment
se fait-il que notre commune qui symbolisait jusque-là le bien-vivre
ensemble et dont on appréciait la convivialité teintée de saine
ruralité, l'esprit solidaire et festif, se transforme en quelques
mois en un foyer où la haine xénophobe s'exprime avec tant de
violence ?
C'est
une véritable blessure pour ceux qui ont toujours apprécié
l'harmonie heureuse de notre commune de découvrir tout à coup que
notre communauté devient, aux yeux des territoires alentour, une
vitrine nauséabonde des idées d'Extrême droite. En d'autres temps,
nombreux étaient ceux qui pensaient que les actes antisémites
commis çà et là étaient sans importance, on sait comment
cela s'est terminé...** Pour ceux qui
s'intéressent à l'Histoire, la connotation raciste du bris de la
vitre du cinéma ne manquera pas d'évoquer au premier degré La
nuit de cristal du 9 novembre 1938...
On
est en droit de se demander si la parole publique porte une part de
responsabilité dans cette soudaine et dangereuse dérive ? Le
comportement et les propos de notre classe politique, locale et
nationale, n'encouragent-ils pas ce lâcher-prise fétide dans lequel
s'engouffrent quelques extrémistes d'ici et d'ailleurs ?
Le
conseil municipal de ce jeudi 19 mai n'en donnait-il pas, toutes
proportions gardées, quelques exemples ?
La
majorité municipale poursuit son œuvre d'aménagement du
marché aux veaux en proposant quelques dépenses supplémentaires. Denis Lagrue s'est fait vertement rabroué car il osait demander le
coût total du projet qui demeure pour la population une
véritable nébuleuse. Cela ne devrait pourtant pas être
difficile, quand on prétend en avoir la maîtrise, d'annoncer un
chiffre précis TTC tenant compte de tous les avenants et
aménagements à venir alors qu'on est arrivé à la moitié des
travaux sur le bâtiment ! Après une brève joute oratoire, madame le
maire s'est engagée à communiquer ce chiffre global dans le
prochain bulletin. Donc encore un peu de patience... Cette somme
dépasse, pour l'instant, les 600 000 € TTC et rappelons que
le projet de l'ancienne majorité qui « devait ruiner Callac
et bloquer tous les investissements » s'élevait à 465 000
€ !!!
En
fin de conseil, Lise Bouillot a fait part de son inquiétude et de sa
difficulté à appréhender le casse-tête de la nouvelle communauté
d'agglo. Comme prévu, en rentrant dans les détails des
compétences et des finances, on s'aperçoit que le monstre « paimpolocentrebreton » ne pourra pas fonctionner sainement tant
grandes sont les dissemblances entre les différents territoires. Il
ne reste plus qu'à souhaiter que les élus des communes autour de
Paimpol aient gain de cause dans leur recours au tribunal
administratif contre la décision préfectorale. Il sera peut-être
encore temps de rejoindre la CCKB, comme nous l'avait proposé le
préfet à l'origine, ce qui préserverait une chance de construire
un jour un Grand Poher, avec d'autres personnalités plus soucieuses
de l'intérêt de leur population que de leurs prérogatives. On peut
toujours rêver.
Madame
le maire a expliqué que l'accueil des migrants dans
l'appartement de l'école Sainte-Anne ne se ferait probablement pas
faute de candidats, les migrants de Calais n'ayant qu'une idée :
rejoindre l'Angleterre dont le fonctionnement économique correspond
beaucoup plus à leurs aspirations.
Pour
finir, Corinne le Coz a demandé ce qui avait motivé l'arrachage
surprise à la pelleteuse de la rocaille du jardin de Pors
Anken . Il lui a été répondu que cette création de notre
personnel des espaces verts était dans un triste état (????) et
que, de toute façon, il n'avait jamais plu à notre première
magistrate. Quelques voix se sont élevées, y compris de la
majorité, pour défendre cet aménagement esthétique et agréable.
Au
fond, sur le plan symbolique de la violence, y a-t-il une grande
différence entre un tracto dans un jardin zen et un pavé dans un
cinéma ?
* « This
is my land » : « C'est ma terre »
**
Méditer à ce propos sur la lucidité de Pierre Desproges et son
aphorisme prémonitoire ( 1982) ci- dessous. Trente-trois ans plus
tard, on envisage pour la prochaine élection du président de la
République un duel auquel participerait l'Extrême droite ! On y
est !
Réalisé
à partir de la photo du Télégramme parue le vendredi 20 mai 2016