Ainsi
se referme le Livre du Hérisson...
Souvenez-vous, Hérissonnes, Hérissons, souvenez vous ! Le Hérisson
Callacois, il y a trois ans, au lendemain des élections municipales,
vous avait promis de suivre le combat de Sanzétikète doré et du
Comcom commun, Argoatus Callacus. Qui l’emporterait ? Quelle
engeance produiraient les amours de Sanzétikète doré et du
Troadecus vorgensis , ce monstre friand de saints en granit et de
Comcoms communs ?
Aujourd’hui
nous le savons. Sanzétikète doré a eu raison d’ Argoatus
Callacus qu’elle a fini par dévorer avec l’appui du sournois
Prefectus. Et ses amours tumultueuses avec Troadecus vorgensis se
sont mal terminées. Chacun est retourné chez soi mais la
malédiction s’est accomplie : le bâtard est né.
L’accouchement
tant redouté s’est déroulé ce fatidique 9 janvier dans la
maternité du Roudourou. Maintenant, la créature à deux têtes
et à sept pattes s’étale devant nos yeux, hideuse et monstrueuse : Gingopaimpolargosarmor est né. Le monstre est
tellement énorme qu’il ne pourra jamais se déplacer, condamné
qu’il est à s’enliser dans le marais administratif et politique
hérité en cadeau de naissance.
On
ne peut plus rien pour lui. La bête est vautrée sur notre sol
et va entraîner dans sa lente agonie notre beau pays
d’Argoat et d’Armor, victime de la boulimie de ses créateurs qui
se repaissent maintenant de pouvoir et d’indemnités.
Le
Livre du Hérisson s’achève ainsi mais la Saga continue. D’autres
prendront le relais et d'autres livres seront écrits. De la
déliquescence généralisée naîtra un nouveau monde. Il en est
ainsi de l’histoire des peuples et des hommes.
Dans
la tourmente, il est difficile de distinguer le bon
phare du grand bûcher allumé par les naufrageurs comme le racontent
les récits plus ou moins imaginaires du pays pagan. La tragédie
annoncée s’accomplit inexorablement. Il faudra retourner à l'abri
de nos sous-bois quelque temps, pour protéger l’espoir, jusqu’à
ce que reviennent les beaux jours et, qu' à nouveau, la
lumière perce les sombres entrailles de l’obscurantisme.
L'actualité
ne cesse de nous le rappeler, n'attendons aucun Sauveur, aucun
Chevalier Blanc. C’est à nous tous que revient la noble
mission d’écrire ces nouvelles pages, le Grand Livre du Centre-
Bretagne et plus au-delà celui d'une France égalitaire et solidaire
où chacun trouvera sa place, afin que plus jamais ne revienne le
temps des prédateurs de tout poil, si ce n’est aux oreilles
des enfants, comme une fable destinée à les prémunir des dangers
qui les guettent.
Ici
et ailleurs, qu’enfin revienne le temps où être médecin était
une vocation,
le
temps où le dernier qui sortait éteignait la
lumière,
le
temps où la solidarité était un combat,
le
temps où les paysans cueillaient, en quittant leur
pré, un bouquet de marguerites,
le
temps où l'école était le creuset de l'égalité,
le
temps où sans risquer d'être empoisonné on pouvait boire à
la fontaine,
le
temps où l'argent n'était pas le maître du monde...
« Le
Hérisson est un rêveur » penserez-vous; « tu nous
quittes sur une vision bien peu réaliste du monde et ton lyrisme
n'est plus de saison » lui direz-vous... mais, même si nos vers
ne sont que des vers de mirliton et si nous risquons de passer pour
de grands naïfs, ne dit-on pas que le poète a toujours raison ?
Alors, bon courage à nous tous et...