En
ce pimpant premier dimanche d'automne, je vais, moi, Pompon le
hérisson me
promenant sur la rive de l'étang en quête de quelques feuilles
mortes en prévision de ma retraite hivernale prochaine.
Au détour d'un chemin, j'aperçois Zébulon le héron et
Poutreuil l'écureuil conversant, à n'en pas douter, de carpes et de
brochets à voir la mine peu réjouie de l'empanaché de
roux qui n'était descendu de son arbre que pour glaner
incognito quelques noisettes.
Je
m'approche des deux compères:
« C'est
la journée des grands, me dit d'un air supérieur le long bec
emmanché d'un long cou perché sur ses échasses, à l'entour on ne
jase que de cela » .Ce disant, il se dresse devant moi, le
dédain à fleur de bec, se riant de ma modeste taille et de mes
modestes piquants.
Mais
peu me chaut sa superbe et moi de lui rétorquer aussitôt qu'il n'a
pas tout compris et que par les corbeaux ou les choucas il doit être
ravitaillé car les grands dont on jase à l'envi dans la
campagne ne sont pas grands par la taille mais par le pouvoir que
leur confère notre Dame République pour élire les sénateurs, tous
sieurs de grand et bel âge. Et, devant l'air dépité du volatile,
grand plaisir je prends à enfoncer l'épine dans la plaie:
« Mais
les grands, vois-tu, qu'ils le soient par la taille, le pouvoir ou
bien l'âge ne sont pas à l'abri de désillusions grandes elles
aussi. N'as-tu pas ouï parler de Dame Martine qui dans son
fief des Côtes d'Armor est retournée sans train de
sénateur et l'escarcelle vide? »
Adieu
ors du Palais du Luxembourg, adieu primes et retraite dorée,
adieu voyages, honneurs et privilèges, il faut rentrer dans son
village et retrouver veaux, vaches, cochons et couvée, là où
Perrette les a laissés...
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