dimanche 5 octobre 2014

Fabulette en prose pour petits et grands : Le Héron, Le Hérisson, L'Ecureuil et Les Sénatoriales.

 



En ce pimpant premier dimanche d'automne, je vais, moi, Pompon le hérisson me promenant sur la rive de l'étang en quête de quelques feuilles mortes en prévision de ma  retraite hivernale prochaine.  
Au détour d'un chemin,  j'aperçois Zébulon le héron et Poutreuil l'écureuil conversant, à n'en pas douter, de carpes et de brochets à voir  la mine  peu réjouie de l'empanaché de roux qui n'était  descendu de son arbre  que pour glaner incognito quelques noisettes.

Je m'approche des deux compères: 
                  « C'est la journée des grands, me dit d'un air supérieur le long bec emmanché d'un long cou perché sur ses échasses, à l'entour on ne jase que de cela » .Ce disant, il se dresse devant moi, le dédain à fleur de bec, se riant de ma modeste taille et de mes modestes piquants.   
                  Mais peu me chaut sa superbe et moi de lui rétorquer aussitôt qu'il n'a pas tout compris et que par les corbeaux ou les choucas il doit être ravitaillé  car les grands dont on jase à l'envi dans la campagne ne sont pas grands par la taille mais par le pouvoir que leur confère notre Dame République pour élire les sénateurs, tous sieurs de grand et bel âge. Et, devant l'air dépité du volatile, grand plaisir je prends à enfoncer l'épine dans la plaie:  
                  « Mais les grands, vois-tu, qu'ils le soient par la taille, le pouvoir ou bien l'âge ne sont pas à l'abri de désillusions grandes elles aussi. N'as-tu pas ouï parler de Dame Martine  qui dans son fief des Côtes d'Armor est retournée sans   train de sénateur et l'escarcelle vide? »
               Adieu ors du Palais du Luxembourg,  adieu primes et retraite dorée, adieu voyages, honneurs et privilèges, il faut rentrer dans son village et retrouver veaux, vaches, cochons et couvée, là où Perrette les a laissés...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire