lundi 1 décembre 2014

LETTRE OUVERTE A NOTRE CHER PROFESSEUR ou La goutte d’eau qui fait déborder le verre d’eau du Hérisson

Cher Professeur,

Depuis que le Hérisson Callacois a l’honneur de vous compter parmi ses lecteurs, vous avez subjugué bon nombre de  nos amis  par votre pertinence et vos connaissances à la Pic de la Mirandole, connaissances qui s'étendent des potins callacois à l'universalité de « L'Esprit des Lois » de Montesquieu . Vous aurez sans nul doute remarqué que vos commentaires ont déjà provoqué quelques réactions admiratives de leur part.
Concernant l’article sur les « gaz de chistr » du 15 juin 2014,  vous nous complimentiez sur « l’argumentation écologique » tout en nous réprimandant sur la partie économique. Ainsi  écriviez- vous :
« Rien à dire quant à l'argumentation écologique. Sur la partie économique, il y a plus à dire. Il ne doit pas y avoir de cours de finance dans les écoles communistes. Rocard préconisait des cours d'économie pour l'ensemble du secondaire, on en est loin. Tant qu'on laissera des élus/candidats écrire et dire des inepties économiques, les foules continueront d'être manipulées.
Vous qui êtes friands de citations, méditez celle-ci : "Il n'est pas indifférent que le peuple soit éclairé." Montesquieu »

Et c’est bien vrai, vous avez raison, Cher Professeur, il n’y avait pas de «  cours de finance» dans nos écoles « communistes » ( mais peut-être  votre main a-t-elle fourché et  vouliez-vous écrire écoles «  laïques  »? ).

C’est vrai ,  nos écoles « communistes » ne nous ont pas bien expliqué le potentiel de croissance et d’emploi que l’on crée :
- en détruisant pour reconstruire,
- en polluant l'eau, l'air, le sol  pour dépolluer  le sol, l'air, l'eau,
- en gaspillant plus de 25% des aliments pour que l’agriculture intensive continue de survivre,
- en détruisant les abeilles à force de pesticides pour permettre à des paysans chinois de polliniser à la main,
- en persistant à  utiliser l’amiante dont on connaît la toxicité depuis un siècle pour que la médecine puisse continuer à soigner des mesothéliomes,
- en reboisant  les forêts dévastées, poumon de la planète,  avec des palmiers à huile , des eucalyptus ou des épicéas,
- en recyclant, à peine achetés, les appareils atteints d’obsolescence programmée,
- en feignant de lutter  contre le gaspillage des ressources naturelles d’eau, de pétrole ou de métaux rares , créant  et entretenant ainsi de nombreux conflits qui alimentent  l’industrie de l’armement,
- en abusant  des nitrates pour pouvoir  récolter  les algues vertes sur les plages et recycler celles-ci en un engrais « écologique » qui, à son tour, viendra polluer les nappes phréatiques et ainsi  la boucle sera bouclée !,
- en persistant dans la voie nucléaire malgré Tchernobyl et Fukushima pour vendre des EPR beaucoup plus chers et tellement complexes qu’ils ne fonctionneront  peut-être jamais.

Hélas, Cher Professeur !  c’est que nos écoles « communistes » ne nous ont jamais appris à chiffrer :
- le coût de la pollution aux agents chimiques et aux pesticides,
- le coût de la déforestation et de l’urbanisation excessive, le coût des catastrophes naturelles et des migrations de population  liées  au réchauffement climatique global,
- le coût de la diminution  des insectes pollinisateurs  victimes de perturbations comportementales sous les  effets neurotoxiques des pesticides,
- le coût de l’intoxication à l’amiante,
- le coût du nettoyage des algues vertes,
- le coût de l'enfouissement des déchets nucléaires et de la démolition des centrales obsolètes.


C’est vrai que nos écoles « communistes » nous ont même appris que la Vie, la Civilisation, la Connaissance, la Culture, la Solidarité, la Santé, ça n’avait pas de prix ! Rendez-vous compte, Cher Professeur !

Depuis « le verre d’eau précieuse » de René Dumont (*), Cher Professeur, on entend vos amis railler avec arrogance les thèses défendues par les « écolos » , comme vous dites, pour ensuite les  prendre à leur compte  lorsque l’évidence est acquise et que cela peut « rapporter » sur le plan électoral. Ainsi Jacques Chirac interdisant l’amiante en 1997 alors que le danger  est officialisé depuis 1945.  Le même Jacques Chirac et son « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs»  à Johannesburg en 2002,  reconnaissant enfin l’ampleur du problème causé par l’accumulation des gaz à effet de serre produits par l’activité industrielle du siècle passé.

Pourtant, Cher Professeur, cela ne vous empêche pas de  continuer  à donner des leçons à ceux qui, malheureusement, n’ont pas cessé d’avoir raison depuis plus d’un demi-siècle.

Vous qui semblez avoir fréquenté d’autres écoles que nos écoles « communistes », vous a-t-on appris, qu’en fin de compte, c’est la Terre qui aura raison et non pas la Finance ?

Mais où serez vous, Cher Professeur, à ce stade d’évolution de notre planète ? Probablement au Paradis, entouré de vos saints amis,  tandis que nous croupirons aux portes du Yeun Elez .

Vous avez donc raison, Cher Professeur, à quoi bon se soucier du sort de nos arrière-arrière- arrière-arrière-petits…hérissons  qui nous aurons depuis longtemps oubliés...

Ces petits différends n'ayant en rien entamé  notre admiration pour votre grande clairvoyance, nous vous prions, Cher Professeur, d'agréer l'expression de notre considération distinguée.



(*)Lien pour visionner la vidéo de René Dumont :
 
http://www.ina.fr/video/I09167743

19 avril 1974
Candidat à l'élection présidentielle de 1974, René DUMONT, écologiste, tente de sensibiliser les téléspectateurs au gaspillage "Nous allons bientôt manquer de l'eau et c'est pourquoi je bois devant vous un verre d'eau précieuse puisque avant la fin du siècle si nous continuons un tel débordement elle manquera...". Il termine en buvant son verre d'eau.



































1 commentaire:

  1. Comme je l'imagine plutôt du genre vieux barbon, je ne suis pas certaine que votre cher professeur appréciera votre humour mais, moi, l'humour doublé de bon sens et d'humanisme, j'adore ! Merci Le Hérisson.
    Zélie (Callac)

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