Après
la frugale période d'hibernation plutôt tourmentée que je viens de
traverser et les derniers événements callacois, nul ne s'étonnera
que je rêve pour me remplumer les flancs et les piquants d'un bon
gros gâteau bien roboratif dégoulinant de crème, de chocolat et de
meringue. Et le prétexte pour me mettre aux fourneaux est tout
trouvé : les deux ans de mandat de notre maire, ça se fête !
Bien sûr, en la circonstance, à tout seigneur tout honneur, la
recette qui s'impose immédiatement à mon esprit est celle du
célèbre « Gâteau de la maire Bouillot », recette qui
a permis à notre édile de rouler dans la farine une bonne partie
des Callacois, notamment de gauche, séduits en mars 2014 par
la maestria de ce Top chef de la pâtisserie locale et électorale.
Joyeux
anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux
anniversaire, madame Bouillot, joyeux anniversaire !
Cette
ritournelle en tête et l'eau à la bouche, je me lance donc
dans l'étude de cette nouvelle recette rentrée depuis deux
ans dans le patrimoine culinaire callacois.
Recette
du gâteau de la maire Bouillot
Le
gâteau comporte trois étages. Le premier étage est
composé d'une bonne génoise bien ferme et bien moelleuse. Pour ce
faire, mélanger les finances très saines héritées de la
précédente brigade de cuistots, l'endettement maîtrisé de longue
date et le gel des taux d'imposition. Puis incorporer
progressivement les différents programmes déjà mis en place avant
2014 (accessibilité, bâtiment multifonctions, aménagement du
marché aux veaux, service communication, entretien de routine de la
voirie et des bâtiments, maîtrise de l'énergie en lien avec
l'ALECOB, équipement du lotissement de Kerret en lien avec
l'ADDAC.). Mettre au four soigneusement préchauffé ( thermostat 7 )
pendant 6 mois jusqu'à obtenir une belle couleur dorée et
appétissante et surtout ne pas hésiter à s' en attribuer le
mérite.
Ensuite
pour mettre en place le deuxième étage du
gâteau, étaler sur cette consistante base une très
épaisse couche de crème de synthèse riche en colorants et
arômes artificiels.
Il
est conseillé d'opter pour un parfum à la gouvernance
démocratique, très au goût du jour même s'il
laisse souvent en bouche une certaine amertume, ce qui est
particulièrement le cas de la variante callacoise de cette crème
dont voici la composition et les dosages conseillés :
Verser
à la louche :
–
concentré
de revirements électoraux
– extrait
de comportement autocratique envers la majorité municipale et le
personnel
– léger
caramel de décisions votées par l'ensemble du conseil et non prises
en compte
– farine
à rouler pour réunions publiques qui ne servent qu'à présenter ou
entériner des décisions déjà prises
– huile
vierge pour graissage de girouette
– macédoine
de contre -vérités
Ajouter
à volonté :
– muselé
de presse en réunion publique ( projets miniers, «
off » du conseil municipal )
– écrasée
de téléphones multimédias (durant les conseils)
– piment
de la Sainte-Barbe en hommage à nos pompiers
A
saupoudrer avec la plus extrême parcimonie en un insoupçonnable
nuage :
– chapelure
de consultations citoyennes
– concassé
de comité de pilotage pour projet
– inconsistante
et versatile pincée d'humanité dans la prise en compte des
problèmes
La
troisième partie du gâteau, pour compenser la
lourdeur de la partie centrale devra être très légère. C'est la
plus spectaculaire mais aussi la plus délicate car il s'agit de
couronner la pâtisserie d'une
aérienne meringue en forme de dôme symbolisant le paradis
promis. Monter
les blancs d'oeufs en neige et les mettre à four très doux, faute
de quoi la jolie promesse de dentelle meringuée s'évanouira en
quelques instants.
Nota
Bene : Il se dit dans Callac que
cette difficulté n'est toujours pas maîtrisée par madame Bouillot
toute virtuose qu'elle puisse être en matière de gâteaux et de
promesses. Ainsi, disparus le conseil bis des jeunes et la rénovation
de l'aire de jeux. Oubliée la défense de la poste maintenant
fermée le lundi toute la journée, au grand dam des commerçants.
Envolés l'animateur économique, l'annulation du projet
pharaonique du foirail, le refus des rythmes scolaires et des TAP.
Perdus de vue à ce jour le zérophyto, les jardins, vergers et
potagers partagés, la revitalisation du marché, la relance du
commerce local...
Après
ce petit aparté, je reviens à la recette : Pour
terminer, même en cas de flop total de la meringue, ne pas oublier
la cerise sur le gâteau.
Vous
le savez, je suis un incorrigible bavard et ne puis m'empêcher
d'ajouter à ce propos qu'on raconte sous le manteau et même dans la
presse que la cerise promise s'est transformée en dernier lieu
en un amer noyau propre à se casser les dents. Ce noyau, difficile à
avaler et à digérer, vous l'aurez compris, est l'échec dans le
cadre de la réforme territoriale de la fusion promise avec
Poher Communauté. Je vous en ai déjà beaucoup rebattu les oreilles
tant j'y attache d'importance et n'enfoncerai pas davantage le
couteau ( de cuisine) dans la plaie.
Pour
ne rien vous cacher, finalement, rien que l'évocation de cette
montagne de crème frelatée
a suffi à me conduire jusqu'à l'écoeurement et m'a coupé
l'appétit et l'envie de faire la fête. J'ai déjà dans la
bouche et je ne suis pas le seul comme un goût amer de tristes
lendemains de bombance et d'ivresse.
De
son côté, madame le maire semble s'apprêter à savourer d'ici
quelques jours, son gâteau d'anniversaire avec entrain. Il
faut croire que les perspectives d'adhésion à Guingamp Communauté
lui ont réveillé l'appétit.
Mais,
Chère Madame le Maire, n'allez ni jusqu'à l'indigestion ni jusqu'à
la carie dentaire par abus de sucre ! J'ai pu constater, à mon
grand regret, que le désert médical prévisible qui
s'installe à Callac n'a jamais fait partie de vos préoccupations
tant pendant la campagne électorale qu'aujourd'hui, aussi ne
voudrais-je surtout pas que votre petit gâteau d'anniversaire
puisse vous causer un quelconque désagrément d'ordre digestif…
Joyeux
anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, madame
Bouillot, joyeux anniversaire !
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