samedi 21 mai 2016

Nuit de cristal à Callac.

Il ne nous manquait plus que cela  ! Voilà qu' « ils » s'en prennent au cinéma de Callac ! Avis de tempête... Y'a du roulis, y'a du « taguage» dans notre petite cité rurale !

D'abord, le tag contre le prêtre « aux origines haïtiennes » qui, depuis, est parti exercer sous d'autres cieux, espérons-le pour lui, plus cléments. Puis à la bibliothèque, le tag d'un symbole d'Extrême droite sur l'affiche  annonçant la soirée sur les camps de migrants du Nord-Pas-de-Calais et la projection du documentaire de Yolande Moreau. Et en dernier lieu, une grosse pierre à travers la vitrine du cinéma tombant, comme par hasard, pile sur l'affiche du film « This is my land *» qui sera présenté lors de la soirée organisée, comme chaque année, par l'Association France Palestine, lundi  23 mai à 20h30, en présence de la réalisatrice franco-israélienne Tamara Erde.
 Ce film qui évoque le conflit israélo-palestinien ne prend pas parti et montre, au contraire, comment chaque camp enseigne sa version de l'Histoire à ses propres enfants creusant ainsi un fossé entre les deux peuples qui, de génération en génération devient infranchissable. En s'attaquant à ce film, les casseurs font donc, en même temps qu'un acte raciste, injure à l'honnêteté intellectuelle et à l'humanisme d'une réalisatrice franco-israélienne en quête d'un espoir  de paix et qui essaie de montrer que, s'il n'est pas déjà trop tard, cette paix ne pourra se faire qu'à travers une remise en question dans chaque camp de l'Ecole et de l'Education. Mais faut-il envisager qu'il puisse y avoir eu un brin de réflexion derrière l'acte de vandalisme perpétré au cinéma ? C'est faire trop d'honneur aux vandales que de le penser !

Qui osera encore mettre en doute que quelques Callacois ont un vrai problème avec les étrangers ? On verra aussi lundi soir si le reste de la population ne s'en émeut pas plus que cela...

 Le lendemain  de ce troisième acte xénophobe, lors du conseil municipal du 19 mai, madame le maire a, cette fois-ci, réagi comme il se doit, en exprimant son inquiétude face à cette accumulation depuis quelques semaines « d'actes malveillants à connotation raciste ». Elle a proposé au conseil municipal d'adopter un vœu dans ce sens qui a été approuvé à l'unanimité des présents. Il était grand temps !
Comment se fait-il que notre commune qui symbolisait jusque-là le bien-vivre ensemble et dont on appréciait la convivialité teintée de saine ruralité, l'esprit solidaire et festif, se transforme en quelques mois en un foyer où la haine xénophobe s'exprime avec tant de violence ?
 C'est une véritable blessure pour ceux qui ont toujours apprécié l'harmonie heureuse de notre commune de découvrir tout à coup que notre communauté devient, aux yeux des territoires alentour, une vitrine nauséabonde des idées d'Extrême droite. En d'autres temps, nombreux étaient ceux  qui pensaient que les actes antisémites commis çà et là étaient  sans importance, on sait comment cela s'est terminé...** Pour ceux qui s'intéressent à l'Histoire, la connotation raciste du bris de la vitre du cinéma ne manquera pas d'évoquer au premier degré La nuit  de cristal du 9 novembre 1938...

On est en droit de se demander si la parole publique porte une part de responsabilité dans cette soudaine et dangereuse dérive ? Le comportement et les propos de notre classe politique, locale et nationale, n'encouragent-ils pas ce lâcher-prise fétide dans lequel s'engouffrent quelques extrémistes d'ici et d'ailleurs ?

Le conseil municipal de ce jeudi 19 mai n'en donnait-il pas, toutes proportions gardées, quelques exemples ?

La majorité municipale  poursuit son œuvre d'aménagement du marché aux veaux en proposant quelques dépenses supplémentaires. Denis Lagrue s'est fait vertement rabroué car il osait demander le coût total du projet  qui demeure pour la population une véritable nébuleuse. Cela ne devrait pourtant pas être difficile, quand on prétend en avoir la maîtrise, d'annoncer un chiffre précis TTC tenant compte de tous les avenants et aménagements à venir alors qu'on est arrivé à la moitié des travaux sur le bâtiment ! Après une brève joute oratoire, madame le maire  s'est engagée à communiquer ce chiffre global dans le prochain bulletin. Donc encore un peu de patience... Cette somme dépasse, pour l'instant, les 600  000 € TTC et rappelons que le projet de l'ancienne majorité qui « devait ruiner Callac et bloquer tous les investissements » s'élevait à 465 000 € !!! 

En fin de conseil, Lise Bouillot a fait part de son inquiétude et de sa difficulté à appréhender le casse-tête de la nouvelle communauté d'agglo. Comme prévu, en rentrant dans les détails des compétences et des finances, on s'aperçoit que le monstre « paimpolocentrebreton » ne pourra pas fonctionner sainement tant grandes sont les dissemblances entre les différents territoires. Il ne reste plus qu'à souhaiter que les élus des communes autour de Paimpol aient gain de cause dans leur recours au tribunal administratif contre la décision préfectorale. Il sera peut-être encore temps de rejoindre la CCKB, comme nous l'avait proposé le préfet à l'origine, ce qui préserverait une chance de construire un jour un Grand Poher, avec d'autres personnalités plus soucieuses de l'intérêt de leur population que de leurs prérogatives. On peut toujours rêver.

Madame le maire a  expliqué que l'accueil des migrants dans l'appartement de l'école Sainte-Anne ne se ferait probablement pas faute de candidats, les migrants de Calais n'ayant qu'une idée : rejoindre l'Angleterre dont le fonctionnement économique correspond beaucoup plus à leurs aspirations.

Pour finir, Corinne le Coz a demandé ce qui avait motivé l'arrachage surprise  à la pelleteuse de la rocaille du jardin de Pors Anken . Il lui a été répondu que cette création de notre personnel des espaces verts était dans un triste état (????) et que, de toute façon, il n'avait jamais plu à notre première magistrate. Quelques voix se sont élevées, y compris de la majorité, pour défendre cet aménagement esthétique et agréable.

Au fond, sur le plan symbolique de la violence, y a-t-il une grande  différence entre un tracto dans un jardin zen et un pavé dans un cinéma ?


* « This is my land » : «  C'est ma terre »

** Méditer à ce propos sur la lucidité de Pierre Desproges et son aphorisme prémonitoire ( 1982) ci- dessous. Trente-trois ans plus tard, on envisage pour la prochaine élection du président de la République un duel auquel participerait l'Extrême droite ! On y est !



























 
Réalisé à partir de la photo du Télégramme parue le vendredi 20 mai 2016





mardi 10 mai 2016

Le « Petit Soleil du XXI siècle » s’est levé sur Callac...

L’entreprise de démolition continue... Après avoir dévoyé l’esprit initial du projet d'aménagement du foirail qui se voulait participatif, esthétique et pédagogique, après avoir fait voler en éclats notre ralliement à Poher-Communauté pour des questions d’amour-propre indignes de la responsabilité d’un élu du peuple, voici que madame le maire poursuit son œuvre en saccageant le jardin de Pors Anken .

La municipalité précédente dont elle faisait, rappelons-le, partie  avait confié au personnel du service espaces verts de la commune la conception et la réalisation de ce semi-enclos non constructible afin que les jardiniers puissent exprimer leur créativité en toute liberté. De là était né un joli lieu paisible à mi-chemin entre les jardins zen à la japonaise et les  doux affleurements granitiques  et intemporels de notre Centre-Bretagne.
  
Hélas, aujourd'hui, changement de braquet et, dans le droit fil de la mise au pas du personnel et de la mise en place d’une surveillance par géolocalisation pour pister les agents communaux, madame le maire n’y est pas allée de main morte : elle a fait enlever au tractopelle les blocs de granit du jardin qui semblaient être là depuis toujours, comme polis et adoucis par le temps... Et tout cela parce qu’elle n’aime pas, dit-elle, l’élément minéral... manifestant surtout ainsi le plus grand mépris pour les auteurs de cette composition, sans compter l’inutile gabegie publique résultant  de son caprice d'autocrate.
   
Adieu donc ce petit coin de « zénitude », aspiration pourtant tout à fait légitime et dans l'air du temps en ce monde chaque jour plus stressant. Les Callacois  s'en passeront... On attend maintenant à la place quelques mètres supplémentaires de pelouse et de grillage « bleu gendarme » qui semblent, au yeux de notre première magistrate, représenter le comble du bon goût.

A n’en pas douter, ses électeurs se réjouiront de voir s’accomplir sous leurs yeux les grands desseins de notre «  Petit Soleil du XXI ème siècle » à nous ! Qu'il en soit fait selon son bon vouloir !   Longue vie à notre dirigeante !
  
Les autres se demanderont sans doute jusqu’où elle ira dans le mépris et l’irrespect du personnel communal et, plus largement, de ses concitoyens ainsi que dans quel état elle laissera l'espace et l'âme de notre commune dans quatre ans ...