lundi 25 mai 2015

Le petit doigt sur la couture du pantalon et Le Hérisson.

Mais quel est ce soudain feu intérieur qui semble habiter désormais nos nouveaux élus ? Quel mystérieux gourou, quelle mystérieuse prêtresse, leur a fait découvrir les enchantements du Sacro-Saint Règlement ? Jusqu’à présent on pensait que la droite était plus attirée par la dérégulation libérale. On avait plutôt l’habitude de l’entendre combattre la lourdeur administrative et l’enchevêtrement tatillon des normes européennes qui empêchent le paysan de cultiver, le chef d’entreprise d’investir et le particulier de pisser dans son jardin.
C’est pourtant sous le signe du Règlement que s’est déroulé ce conseil municipal du 18 mai 2015 :

- la mise en conformité du barrage de la Verte Vallée se poursuivra avec le remplacement de la vanne de fond qui est bloquée depuis une bonne vingtaine d’années. Ces travaux s’ajoutent aux travaux effectués en 2014 sur la vanne latérale. L'urgence n'était donc pas évidente mais c'est le Règlement !

- dans une partie de l'ancien collège destinée à devenir un bâtiment multifonctions accueillant, entre autres, des associations comme, par exemple, l'école de musique sera installé un ascenseur avant même qu'y soit réalisé l'aménagement des diverses salles, aménagement qui ne pourra être effectué que dans … un certain temps, compte tenu des capacités budgétaires de la commune. Sur ce point, la minorité s’est donc abstenue jugeant qu’il aurait été préférable de réaliser en priorité l’ascenseur au premier étage de la salle des fêtes, équipement qui aurait eu le mérite d’être utile dès sa réalisation, et elle a souligné de nouveau qu'il aurait été plus logique de concevoir les travaux du futur bâtiment multifonctions dans leur globalité. Mais là encore on s'en tiendra sans discuter au RRèglement !

- a été évoquée l’indemnité représentative de logement due aux « instituteurs » pour 2014 depuis que nos professeurs d’école (oui, maintenant on ne dit plus instituteurs) n’occupent plus les logements de fonction comme « dans le temps ». En réalité, l’Etat verse une somme supérieure à cette indemnité communale au travers de la DSI ( Dotation Spéciale Instituteur) ce qui fait que la commune ne débourse pas un euro. Mais on vote quand même, c’est le RRRèglement !

- c’est aussi en vertu du Sacro-Saint Règlement qu’un agent de la commune supportera une partie des frais de sa formation « BAFA » qui doit lui permettre d’intervenir dans l’organisation des TAP ( vous vous rappelez les TAP que madame le maire avait promis de refuser…). Pourtant le conseil municipal du 15 décembre 2014 avait voté à l’unanimité la prise en charge de l’ensemble de cette formation pour un montant de 1000 €. Motif aujourd'hui du refus : l’agent aurait changé les dates du stage à sa convenance sans en informer la hiérarchie ! En réalité, la formation initiale ayant été annulée, l’agent a été dirigé vers un autre organisme afin que son BAFA soit validé en temps et heure pour être opérationnel à la rentrée prochaine. Mais la nouvelle majorité n' est plus à une contre-vérité près ! Enfin, la démarche n’étant pas tout à fait réglementaire, l’agent, seul, en supportera les conséquences ! C’est le RRRRèglement !


Je vous épargne le tarif de la TLPE (Taxe Locale sur la Publicité Extérieure), les contrats d’entretien des appareils de chauffage au fuel et au gaz, l’ajustement du passif du budget communal de 32.63 € : le conseil municipal, lui, y a eu droit dans le détail : c’est le RRRRRèglement !


On s’attendait à une nouvelle joute oratoire sur l’ajustement des honoraires de l’architecte concernant le nouveau-ancien projet d’aménagement du site de la Verte Vallée (tiens ! On ne dit plus, foirail ? Pourtant ça apportait de la nouveauté par rapport au projet initial ! )
Sur ce point aussi, la minorité s’est abstenue, suite logique de sa précédente abstention sur la partie investissement du Budget communal 2015. Elle a rappelé qu' elle s’abstiendrait sur toutes les délibérations qui se rapporteront à ce projet. Madame le maire, qui a déjà oublié sa campagne de dénigrement dudit projet, a ironisé sur cette abstention et en a fait repréciser les raisons, ce qui ne l'empêchera pas, se régalant d'avance, de demander lors des prochaines délibérations : « Qui est contre ?, qui est pour ?, qui s’abstient? ». Mais voyons, c’est juste à cause du RRRRRRèglement !
A noter que l’enveloppe initiale de 450 000 E TTC votée à l’unanimité par l'ancien conseil municipal est passée à environ 600 000 € TTC... pour l’instant !


Une bonne nouvelle côté voirie. Compte tenu de l’effondrement du prix de l’enrobé, le programme complet sera réalisé, tranche ferme et tranche conditionnelle. Les habitants du Peulven et de Kerlias vont pouvoir fêter ça à la Fête des voisins.
Cet effondrement des prix est en partie dû à la baisse du pétrole et donc du liant utilisé pour la fabrication de l’enrobé mais il s’explique surtout par la concurrence suicidaire que se livrent les entreprises de voirie. Il s’agit d’emporter à tout prix le marché en priant le dieu « Finance » pour que les fonds de pensions ne leur tombent pas sur la tête. Mais comme disait Hubert en tombant d’un immeuble de 50 étages dans le film de Mathieu Kassovitz, La Haine, « jusqu’ici tout va bien… jusqu’ici tout va bien… jusqu’ici tout va bien… »


Quelques décisions sociales se sont glissées à travers les mailles de toutes ces considérations budgétaires : le renouvellement de l’adhésion au fonds de solidarité pour le logement; on a entendu madame le maire parler à ce sujet de « retour sur investissement » moins bon que l’année précédente ( c-à-d une baisse de l'écart entre ce que donne la commune et ce que reverse le fonds de solidarité sur Callac ). Ou Madame le maire a un sens de l'humour très noir ou elle est vraiment prête à se réjouir de grapiller quelques euros sur le dos de gens qui ne peuvent plus se loger ou payer l’eau et l’électricité. Comme on aimerait au Hérisson que ce retour sur investissement soit le plus mauvais possible à Callac !
La subvention pour les sinistrés du Népal s’est répartie, après un petit débat, entre le Secours Populaire et les pompiers des Côtes d’Armor. Madame le maire aime bien le Secours Populaire... Dans la foulée, il a été répété qu'il n'y aurait plus aucune dérogation accordée aux associations concernant les dates limites de demandes de subventions. Le RRRRRRRèglement c'est le RRRRRRRèglement !

Denis Lagrue n’a pas pu s’empêcher de demander des nouvelles des boues qui sont entreposées en bordure du plan d’eau depuis 8 mois et qui commencent à se végétaliser annonçant les prémices du futur aménagement paysager. Jean Paul Le Louët, à l’origine de cette hasardeuse opération, a trouvé la situation « drôle » et promis de donner les éléments d’information à la prochaine commission. L’agriculteur bio qui devait réceptionner ces boues en l’absence d’analyses, n’aurait peut-être pas trouvé ça aussi « drôle ». Et puis on n'a pas manqué de souligner que la faute en'était à la préfecture puisque c'est elle qui avait demandé que ces boues soient dirigées vers un centre de traitement : la municipalité n'était donc pas responsable du retard ! ( Tiens,tiens ... le RRRRRRRRèglement ne serait-il une bonne chose, Monsieur le premier adjoint, que lorsqu'il vous arrange ?)


Mais ce qui est vraiment amusant, c’est que l’ordre du jour du prochain conseil municipal porte notamment sur l’extension du périmètre NATURA 2000. De quoi donner des boutons à pas mal d’agriculteurs ou de riverains, plutôt de droite, peu convaincus de l’intérêt des contraintes environnementales exigées par « ces c…….. de fonctionnaires européens à Bruxelles ».


En ce qui concerne ce dernier point, le Hérisson ne se plaindra pas de l'application du règlement quand il ne signifie pas « petit doigt sur la couture du pantalon » mais plutôt « petits chemins de traverse qui sentent bon la noisette et la vie » !


D'ailleurs, si on en juge par la vidéo ci-dessous, « le petit doigt sur la couture du pantalon » ça en cache des choses ! 

 

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