mercredi 1 juillet 2015

Le mystère de la Verte Vallée : une « ankouête » de l'inspecteur Harry Sonn .


                                                 CHAPITRE III
                                                  
En ce début d'été, le vent fou de nord-est qui avait sévi pendant tout le printemps semblait avoir déposé les armes et un primesautier rayon de soleil se faufilait  entre les lamelles du store déjà baissé de l'unique fenêtre du bureau du commissaire...

- Inspecteur Harry Sonn ! Quelle divine surprise ! Mais où étiez-vous passé mon vieux ? Vous savez, on commençait à s’inquiéter ici  ! Les hypothèses allaient bon train... Vous vous rappelez notre dernière conversation concernant l'affaire des tags ? L’Ankou, l’Opus Dei, le gang des mères de famille, le déguisement de vos agents en mystérieuses nonnes. Que d'explications possibles à votre soudaine « disparition » !
- Trêve de littérature policière ...Vous voyez, je suis de retour sain et sauf et, n'ayez crainte, l’enquête  se poursuit,  Patron !
- A petite vitesse, non ? Il va peut-être falloir accélérer, mon petit Harry ! Parce que bientôt les pièces à conviction vont disparaître : le fameux projet du plan d’eau de Callac va démarrer et la mairie, après avoir caché les tags sous une couche de peinture blanche,  a commencé à vendre les tôles !
- Vous me prenez pour un bleu, ce ne sont pas les photos qui manquent, c'est pourquoi nous avons décidé de  donner le feu vert pour la dépose des tôles bien que nous n'ayons pas encore trouvé le coupable. En plus, vous savez, l’affaire du Bacardi vient seulement de se terminer et a mobilisé tous les effectifs depuis le mois de  janvier. Avouez que l'affaire était autrement plus grave !
- Oui, triste affaire mais belle réussite pour nous. Le préfet m’a félicité personnellement. Beau travail Harry !
- Le Bacardi et l'association Melrose vont  peut-être  pouvoir enfin reprendre leur activité.
- Espérons qu’ils pourront se relever de toute cette sombre affaire et de cette année blanche. Quant à vous Harry, j'insiste, il va falloir remettre illico presto votre flair légendaire au service de l'affaire des tags...
- Mon flair ? Vous ne sauriez mieux dire, Patron, nous tenons une piste sérieuse...
- Enfin  ! Autre divine surprise ! Et qui, cette fois-ci ?
- Douar Didoull !
- Qui ?
- Vous m'inquiétez,  Commissaire, c'est vous-même qui m'avez expliqué que cela signifiait en breton « Terre sans trous » et que c'était le nom du collectif de citoyens qui s’est constitué au mois de  décembre dernier pour s’opposer au projet minier sur Loc Envel.
- Ah oui !  Cette histoire d’exploration minière me revient. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi on peut être contre, ça ne peut être que bénéfique pour le coin, non ?
- Ben, justement c’est pas l’avis du collectif, et pas que du collectif d’ailleurs.
- Oh, je m'en doute, il y a toujours des « anti-tout ». On est peut-être assis sur une mine d’or mais, surtout, ne rien faire pour le savoir !
- Ce n'est peut-être pas aussi simple que ça, Patron. D’abord sur le PERM de LOC ENVEL, il ne s'agit pas d'or mais de tungstène.
- Ah tiens ! Du tungstène ? On en a tant besoin que ça ?
- Ben oui, pour les foreuses par exemple !
- Je vous reconnais bien là, Harry. C'est bien votre goût du paradoxe. C’est un peu le serpent qui se mord la queue. On fore pour trouver un minerai qui permet de fabriquer des foreuses ! C’est marrant votre truc ! C'est l'art de forer en rond ! Et qu'est-ce qu’elle reproche à cette campagne de recherche minière votre « Terre sans trous » ?
- Décidément Alzheimer vous guette, Patron, nous avions déjà évoqué tout cela il y a plusieurs mois et, malheureusement, plus les informations arrivent, plus les craintes des opposants se confirment...
- Dites-moi, Harry, n'auriez-vous pas, tout enquêteur que vous êtes, choisi votre camp ?
- Le maire de Callac vient d’organiser une réunion d’information pour les élus du secteur dit de Loc Envel en présence d'un représentant de Variscan Mines, la société qui demande ce fameux permis exclusif de recherche minière, (PERM). Cette réunion m'a beaucoup donné à réfléchir...
- Vous y étiez ? A quel titre ?
- Oh ! Ça n'a pas été facile ! La réunion se déroulait à huis clos ! Que des élus concernés, pas de presse, pas de contradicteurs et, bien sûr, pas de  Douar Didoull !!!
- Eh bien, je croyais que madame Bouillot avait fait campagne pour rétablir la transparence à Callac... Mais vous, Harry, que faisiez-vous là ? Vous assuriez la sécurité ?
- Non, mais j’ai réussi à m’infiltrer dans le cadre de l’enquête sur les tags et  la piste « Douar Didoull ».
- Bien, quel espion vous faites !  Vous allez bientôt pouvoir reprendre le « Mon nom est Sonn, Harry Sonn  » à la façon de James Bond !
- L'évocation est on ne peut mieux choisie ! La réunion a été d'entrée digne de « Goldfinger » et de « Bons baisers de Russie » car Lise Bouillot a tout de suite dégainé et envoyé une  avoinée à tous les élus présents : « Interdiction d’enregistrer la réunion, menace de procès ... » J'en passe et des meilleures ! Ça commençait mal ! Heureusement qu’on a du matos discret dans la police !
- Vous voulez dire que vous avez tout enregistré ? Mais  comment ont réagi les élus à cet aimable préambule ?
- Aucune réaction ! Totalement médusés ! Comble du grotesque, certains, comme madame le maire de Bulat,  se sont retrouvés à la porte, «enfermés dehors»  car l'accorte maîtresse de cérémonie avait fermé son bunker à clef !
- Mais c’est du Poutine qu'elle nous fait là !
- Ou du Coluche, comme vous voudrez, souvenez-vous du film « Les vécés étaient fermés de l'intérieur ». Ça devient du Grand- Guignol : il paraît qu’elle vient de prendre une délibération pour interdire les portables , les tablettes numériques et les ordinateurs  pendant les réunions du conseil municipal …
- A peine croyable ! Mais ce sont pourtant des instruments de travail ! En tout cas, voilà qui va réduire les besoins en métaux rares à Callac! C’est pas bon pour la société VARISCAN MINES, ça. Alors, ça veut dire qu' elle est contre le projet ?
- Comme d’habitude avec elle, ça dépend des jours et des circonstances… mais en ce moment elle est pour.
- Et les autres élus du secteur ?
- Plutôt contre .
- Quels sont leurs arguments ?
- Oh ! en gros, l'existence de menaces  évidentes et prouvées sur l’environnement et de pollution des eaux souterraines alors qu’on leur demande  en haut lieu de développer le tourisme vert et de travailler sur la qualité des eaux bretonnes. Ils ne croient ni aux retombées  sur l’économie locale,   ni à la création  d’emplois, ni à l'apport de nouveaux revenus fiscaux locaux. Par contre, ils s'attendent à de nombreuses  nuisances : bruit, poussière,  détérioration de la voirie et des sites naturels.
- Cela me semble à moi aussi quasi inévitable.
- Il y a aussi plus inquiétant.  Le dossier est très opaque et incomplet , il y a pas mal d’impasses sur les risques en matière de pollution des eaux et de modification de l’écoulement des nappes souterraines lors des forages .
- C'est pourtant un point primordial dans ce secteur où prennent leur source d'importants cours d'eau bretons.
- C'est vraiment le dernier des soucis de VARISCAN MINES ! On a vraiment l’impression d’avoir affaire à une bande de spéculateurs qui surfent sur la bulle minière et qui voudraient bien partir en retraite après un bon coup boursier grâce à leur investisseur australien.
- Australien ? Mais je croyais que Montebourg avait lancé ce programme minier « national »  pour redonner à la France une indépendance en approvisionnement de métaux rares  pour notre industrie électronique et informatique .
- Vous avez tout compris, Patron !
- Je commence à penser comme vous qu'ils n' ont peut-être pas tout à fait  tort vos « Douar Didoull » !
- Il n’empêche que la loi est la loi et que, s’ils sont responsables des tags sur le marché aux veaux de Callac, notre devoir sera de sévir même si ce sont des « gentils »: les RG craignaient une manifestation surprise pendant la réunion à la mairie de Callac mais il n’y a rien eu ! Le collectif semble préférer la lutte  pacifique.
- Enfin gentils, gentils…. jusqu’à présent... parce que cette façon de les mettre à l’écart systématiquement est le meilleur moyen d’encourager les éléments les plus virulents qui se tiennent à carreau pour l’instant.
- C'est bien vu, Patron. Une jolie forêt comme Coat Noz, c’est un bel endroit pour des zadistes...
- Et puis, quoi de plus facile que de pousser les gens à bout afin de provoquer troubles à l’ordre public et dégradations pour discréditer du même coup les personnes responsables qui essaient de se faire entendre par les voies légales.
- Patron, vous pensez vraiment que c’est ce qu’ils cherchent, « là-haut » ?
- Qui sait, Harry ? Qui sait ? En attendant vous avez vu, je suppose, que Douar Didoull organise une RANDO MANIF l'après-midi du samedi 4 juillet à 14h  entre Belle-Isle-en-Terre et Gurunhuel qui se terminera à 18h par un slogan humain vu du ciel sur le stade  de cette dernière localité. Vous y serez ?
- Bien sûr... pour l'enquête, Patron !










4 commentaires:

  1. A la lecture de la presse locale d'aujourd'hui, je ne sais plus s'il faut rire ou pleurer !!
    - une déliberation pour interdire les portables en conseil ??? y a peut être mieux à faire pour l'économie callacoise
    - une "impolitesse rare" des élus de la minorité, Mme Bouillot est mal placée pour donner des leçons...
    - une "réunion suspecte" organisée par le maire, avec Variscan mines et dans le plus grand secret...
    Notre maire deviendrait elle parano ???

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    1. Est-il nécessaire d'avoir son portable en marche pendant les réunions. Oui c'est une impolitesse ne vous en déplaise.

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  2. Petite précision quand même:quand Lise Bouillot déclare à la presse: "la dernière fois, nous avons tous été chiffonné par l'attitude de certains, qui ont passé le conseil municipal à regarder leur portable. c'est d'une impolitesse rare!", elle faisait référence à Carole le jeune qui a effectivement lu un SMS expédié par son mari ,lequel avait été hospitalisé et opéré le jour-même! la lecture a peut-être pris 1 minute . Mais l'évènement s'est transformé en affaire d’État par les bons soins de Madame le maire qui a interrompu tout débat en lorgnant avec insistance sur la "blasphématrice" jusqu'à ce que la "coupable" s'aperçoive qu'elle était l'objet des foudres de notre maire. On reconnait là les méthodes habituelles de Lise Bouillot pour discréditer ce qu'elle estime être ses adversaires!

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  3. Quand elle sera à l'assemblée nationale il lui faudra interdire les sudokus et la ronflette !!!

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