mercredi 23 avril 2014

Les Escapades du Hérisson : Le Maërl des Hérissons






Ce dimanche 20 avril,  12 hérissons  du Centre Bretagne ont décidé de dégourdir leurs piquants érectiles en achevant la reconnaissance de la route du Maërl. Il faut dire que les hérissons du Centre Bretagne débordent de reconnaissance envers ce maërl qui a permis de transformer les landes tourbeuses du Pays en joli bocage bourré de vers de terre, de limaces et d’escargots bien gras. En ce temps-là, les paysans, qu’on appelait encore « paysans », chargeaient le maërl dans des tombereaux attelés à leurs chevaux de trait bretons.
Ils sont d’abord allés le chercher au bord du canal de Nantes à Brest, au Moulin de la Pie très exactement. C’est là que, dès l’inauguration du canal en 1842,  les premières gabarres alimentaient un dépôt en  maërl dragué dans la rade de Brest.  Et c’était du vrai maërl, le «  corail breton  » constitué d’algues calcaires rouges à l’aspect pierreux, ce maërl qui est en voie de disparition en Bretagne à la suite de son exploitation industrielle , aujourd’hui très contestée.

Les lourds  attelages chargés de maërl revenaient par le vieux chemin creux n°13 dans lequel il leur arrivait de s’embourber au niveau des passages à gué. Il leur  fallait parfois  l’aide d’autres chevaux pour franchir certaines pentes trop fortes. Ce chemin n°13 se terminait à Pont-Boscher , sur l’actuel rond-point à la sortie de Callac  en direction de Carhaix.
Mais ce maërl était coûteux et dès que les paysans ont pu gagner les grèves de Plestin- les-grèves ou de Saint-Michel-en-grève par le chemin n°23 inauguré en 1871, ils sont allés se servir gratuitement de sable coquillier ou trez en breton. Il y avait deux lieux de prélèvement : « Toul an héry », le trou de la charrette en breton,  à Plestin-les-Grèves ainsi qu’à Pont ar Yar, à  l’embouchure du Yar, au pied du Grand Rocher, entre Saint Efflam et Saint-Michel-en-Grève.

Voilà pourquoi, nous les hérissons du Centre Bretagne, nous faisons ce pèlerinage. La Route du  Maërl longe maintenant les chemins historiques qui sont devenus en grande partie des routes et un enfer pour nous les hérissons. Le trajet emprunte les chemins qui nous replongent dans  le temps bénit où le crottin de cheval abondait . Il n’y avait pas non plus de produits phytosanitaires pour empoisonner nos vers de terre et nos limaces et nous pouvions nous gaver en toute tranquillité.

Enfin, nous les hérissons, nous ne faisons pas la Route du  Maërl dans sa totalité, juste de petites étapes. Ce n’est pas comme cette chevauchée de l’ACECA  (Cavaliers d’Extérieur des Côtes d’Armor) qui se prépare du 26 au 29 mai et qui parcourra le trajet de 82 km dans sa totalité : quelques cavaliers et trois ânes bâtés, chargés de trez.
Et si ces éclaireurs sont satisfaits, on officialisera  cette grande randonnée qui sera  ouverte  aux cavaliers, aux marcheurs et aux cyclistes en VTT.

On organisera les réservations en chambres d’hôtes et le portage de bagages. On indiquera les richesses du patrimoine naturel et architectural, la tranchée de Glomel,  les landes de Lan Bern, de Locarn, le Château de Rosanbo, le manoir de Rozviliou, les élevages d’Epagneul Breton etc… et à la fin, un bon bain d’algues vertes pour se débarrasser de nos parasites !… mais non ! On rigole ! On est comme ça, les hérissons, on aime plaisanter. On sait bien que les agriculteurs d’aujourd’hui font plein d’efforts pour diminuer l’azote dans nos rivières et  pour nous protéger , nous les hérissons. Si, Si….


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